Au
début, la plupart des utilisateurs des rayons X ne soupçonnaient
pas qu’ils puissent être dangereux et ne prenaient pas de précautions
particulières. Pourtant, déjà peu après leur découverte, des
complications furent constatées. Des cas de dermatites chroniques,
notamment au niveau des mains, suivies de cancers, furent rapportés.
En effet, beaucoup de ces pionniers plaçaient la main gauche devant
le tube pour apprécier la qualité du rayonnement. Ainsi, plusieurs
centaines d’entre eux moururent de leur maladie professionnelle
dans des conditions souvent épouvantables, après des amputations
successives. C’est lentement seulement que des mesures de
radioprotection efficaces furent instaurées (Fig. 1) (Eisenberg,
1992 ; Huber, 1995 ; Mayer, 1995 ; Wieser et al,
1989).
Pour
honorer la mémoire des martyrs de la radiologie, un monument fut érigé
en 1936 près du pavillon Roentgen de l’Hôpital Sankt Georg de
Hambourg, emplacement choisi en souvenir du célèbre professeur
Heinrich Albers-Schoenberg, qui travailla dans cet hôpital
jusqu’en 1921, date à laquelle il succomba, victime des rayons
après treize années de souffrance. Par ordre alphabétique y sont
gravés les noms des médecins, physiciens, chimistes, techniciens,
employés de laboratoire et soeurs hospitalières de tous les pays
dont la mort est due au maniement professionnel des rayons. Complétée
depuis son inauguration, la liste totalise près de 400 noms, parmi
lesquels les Genevois Henri Simon (1868-1913) et Louis Félix Barbey
(1881-1928) (Eisenberg, 1992 ; Pallardy et al, 1989 ;
Rosenbusch et al, 1994 ; Wieser et al, 1989)
Outre
les dangers somatiques, on découvrit plus tard les dangers génétiques
des rayons ionisants. En 1927, Hermann Joseph Müller (1890-1967),
aux Etats-Unis, démontra que l’irradiation des gonades de la
drosophile produit des mutations qui se perpétuent dans les générations
futures. Il obtint le prix Nobel de médecine en 1946 (Eisenberg,
1992).
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Avril 1896 : radiographie d'un projectile dans la tête
d'un malade à Nelson en Angleterre.
Novembre 1899 : Oppenheim décrit l'érosion et le
ballonnement de la selle turcique dans les tumeurs hypophysaires.
Mars 1911 : Henschen fait radiographier par Forsell le
conduit auditif dilaté par un neurinome du VIII.
Novembre 1912 : luckett et Steward découvrent l'air dans
les ventricules, à la suite d'une fracture du crâne.
Ainsi, la radiographie du crâne continuait sa progression sous l'œil
vigilant de Schüller.
Il publia dès 1905 "L'image radiologique de
la base du crâne" et en 1912 "Le diagnostic
radiologique de la base du crâne". Toutes les incidences
du crâne ont été décrites à cette époque.
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