Wilhem Conrad Roentgen                            

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour page titre                   
Retour examens d'antan

 

Wilhem Conrad Röentgen

( 1845 - 1923)

 

    Wilhem Conrad Röntgen vit le jour en 1845, à Lennep en Rhénanie.  Sa mère étant originaire des Pays-Bas, il y vécut la majeure partie de son enfance.  Il étudia au Polytechnicum de Zurich, en Suisse et il obtint, en 1868, le diplôme d’ingénieur mécanicien.  Deux amis, Rudolf Clausius et August Kundt, poussa Roentgen afin qu’il poursuive ses travaux en physique. Il suivit Kundt à l’université de Würburg, où il fut son assistant.  Très vite, il fut nommé professeur et, en 1888, il fut directeur de l’université de Würburg où il y termina sa carrière.

 

        En 1895, Roentgen, intrigué par la publication  des résultats de Lenard, décida de lui écrire.  Lenard lui envoya deux exemplaires de petites fenêtres métalliques.  Roentgen étudia  la pénétration des rayons cathodiques dans le verre du tube.  Il disposa une des deux fenêtres reçue, sur son tube cathodique recouvert de papier noir.  Le 8 novembre, il brancha la haute tension.  Aussitôt, un étrange phénomène se produisit :  un écran en carton recouvert de platinocyanure de baryum, situé tout près du tube cathodique, devenait fluorescent.  Il coupa le courant et le phénomène disparu.  Curieux par ce nouveau rayonnement, il utilisa tout le matériel dont il disposait dans son cabinet de travail.  Il interposa divers objets entre le tube cathodique et l’écran fluorescent : une feuille de papier, du carton, un livre, une feuille d’aluminium,… et découvrit que la fluorescence subsistait ou diminuait très légèrement, mais disparaissait complètement avec une feuille de plomb.  Stupéfait, il constata que les os de sa main apparaissaient sur l’écran.  Roentgen s’isola alors dans son bureau durant six semaines avec un seul objectif : découvrir les propriétés exactes des rayons qu’il venait de découvrir. Il les baptisa tout simplement Rayons X.

W.C Rœntgen réalisa alors ce qui fut la première radiographie, celle de sa propre main, puis celle de son épouse le 22 décembre 1896. Dans le courant du mois de janvier de la même année sa découverte fut divulguée au monde entier. Cette énorme avancée scientifique lui permit de devenir le premier lauréat du prix Nobel de physique le 10 décembre 1901. Il mourut en 1923, très appauvri par l’inflation de l’après-guerre, sans jamais avoir déposé le moindre brevet de sa découverte.

 

La première "radiographie" : main de Berta RŒNTGEN

 

De la série d’expériences, Roentgen tira six conclusions :

 

-  Les rayons X sont absorbés par la matière 
-  Les rayons X sont diffusés par la matière
-  Les rayons X impressionnent la plaque photographique
-  Les rayons X déchargent les corps chargés   électriquement
-  Les rayons X ne sont pas réfléchis sur un miroir
-  Les rayons X ne sont pas réfractés par un prisme

 

Il reçut le prix Nobel de physique en 1901.  Il mourut 1923.  La découverte des rayons X ouvra la voie à la radiologie.

 

Une merveilleuse découverte

Tard un après-midi de novembre 1895, le physicien allemand Wilhelm Conrad Roentgen travaille seul, selon son habitude, dans son laboratoire de l’institut de physique de l’Université de Würzburg (Bavière), dont il est le directeur depuis le 31 août 1888. Comme la plupart des physiciens de son époque, il s’intéresse aux rayons cathodiques et au phénomène de la luminescence. Il veut répéter l’expérience d’un de ses collègues de Bonn, Philipp Lenard: étudier sur un écran de carton enduit de platino-cyanure de barium l’effet fluorescent des rayons cathodiques produits dans un tube de Crookes. Pour ne pas être gêné par la lumière engendrée à l’intérieur du tube, il prend tout d’abord soin d’envelopper ce dernier dans du carton opaque. Puis il connecte le tube de Crookes à une bobine de Ruhmkoff afin de le mettre sous tension électrique. Enfin, il fait l’obscurité dans son laboratoire. A sa grande satisfaction, aucune lumière ne passe au travers de l’enveloppe opaque. Cependant, alors qu’il se prépare à déconnecter le tube de Crookes de la bobine de Ruhmkoff afin de fixer l’écran fluorescent en face du tube pour procéder à l’expérience décisive, il distingue un scintillement discret dans un coin de son laboratoire encore plongé dans le noir. Il constate qu’il provient de l’écran fluorescent abandonné provisoirement sur un banc avant de prendre sa place dans l’expérience en cours. Intrigué, Roentgen éteint son tube de Crookes, le scintillement disparaît de l’écran. Il rallume son tube, l’écran s’éclaire aussitôt. Roentgen augmente la distance entre l’écran et le tube de Crookes, il retourne même l’écran de sorte que l’émulsion fluorescente se trouve du mauvais côté par rapport au tube. Chaque fois que le tube de Crookes est sous tension, l’écran s’illumine. C’est alors que Roentgen a le trait de génie de penser que la fluorescence provoquée n’est pas la conséquence directe des rayons cathodiques, qui en principe ne se propagent pas en dehors du tube de verre, mais le fait d’un autre rayonnement, généré secondairement par ces rayons cathodiques. Si ce rayonnement traverse le carton opaque, peut-être traverse-t-il d’autres substances. Roentgen met sa main entre la plaque et l’écran. Ce sont ses os qui apparaissent !

Roentgen comprend alors qu’il a découvert un rayonnement non lumineux, invisible, capable de traverser la matière plus ou moins bien selon la densité de celle-ci. C’est un rayonnement encore inconnu. Il l’appelle donc « rayons X ».

Roentgen est d’emblée conscient de l’importance de sa découverte. Après sept semaines d’un travail intensif, il remet un manuscrit, intitulé « Über eine neue Art von Strahlen », le 28 décembre 1895, au secrétaire de la « Physikalisch-medicinische Gesellschaft » de Würzburg. Il obtient très rapidement les épreuves qu’il envoie à quelques-uns de ses amis en guise de vœux de Nouvel An !

L’un de ceux-ci, professeur de physique à Vienne, montre le manuscrit et les radiographies qui l’accompagnent à un collègue, dont le père est l’éditeur du journal viennois « Die Presse ». Ce dernier, réalisant la valeur de cette découverte et son intérêt pour les biologistes et les médecins, principalement les chirurgiens, écrivit immédiatement un article, qui paraît le 5 janvier 1896. Dans sa précipitation, il nomme l’inventeur le « Professor Routgen ».

La nouvelle de la découverte se propage très rapidement. En Suisse, elle est annoncée en premier par « Die Neue Zürcher Zeitung » le 10 janvier. En Suisse Romande, c’est le journal illustré «La Patrie Suisse » dans son supplément du 22 janvier qui publie les observations de Roentgen et reproduit l’image d’une main vivante avec comme titre « une merveilleuse découverte ». Le cliché, daté du 13 janvier, a été pris par Aimé Forster, professeur de physique à l’Université de Berne. Les professeurs Henri Dufour à Lausanne et Charles Soret à Genève saisissent l’intérêt du procédé et l’appliquent d’emblée (premier cliché le 27 janvier à Lausanne et avant le 4 février à Genève) (Béclère, 1973 ; Eisenberg, 1992 ; Mayer, 1995 ; Pallardy et al., 1989 ; Rosenbusch et al, 1994 ; Rosselet, 1995 ; Schedel et Keil, 1995 ; Terrier et al, 1995 ; Wieser et al, 1989).

Une vie exemplaire

Roentgen est né le 27 mars 1845 à Lennep, petite localité allemande, devenue maintenant un faubourg de la ville de Remscheid, près de Düsseldorf en Rhénanie. Il restera le fils unique de sa mère, Charlotte Constanze, née Frowein, d’origine hollandaise, et de son père, Friedrich-Conrad, fabricant aisé de tissus et de vêtements.
Peu après sa naissance, ses parents émigrent à Apeldoorn, près d’Utrecht, pour des raisons politiques, semble-t-il. C’est donc en Hollande qu’il grandira et à Utrecht qu’il entrera au gymnase. En cours d’études, un incident apparemment banal, mais lourd de conséquences, va influencer son avenir. Il est suspecté d’avoir dessiné au tableau noir la caricature d’un de ses professeurs. Etait-ce lui ou un de ses camarades, qu’il n’a pas voulu dénoncer, on ne l’a jamais véritablement su. On ne badinait pas à l’époque avec le respect de ses supérieurs. Conrad est chassé de l’école, juste avant l’examen de maturité.
Heureusement, un ami suisse des Roentgen, habitant Lutrecht, leur apprend qu’il existe en Suisse l’Ecole Polytechnique de Zurich, qui vient d’être fondée, où l’on peut être admis sans maturité. Il faut toutefois réussir un examen d’entrée assez difficile. Le jeune homme suit des cours privés, se présente à l’examen et le réussit.
Dès novembre 1865, Roentgen est donc étudiant à Zurich et loge dans une maison qu’on peut voir encore aujourd’hui « Im Seilergraben 48 ». Il s’arrête régulièrement dans une brasserie, « Zum Grünen Glas », proche de l’Ecole Polytechnique, où se rencontrent maîtres et étudiants. Il y fait la connaissance de la fille du patron, Anna-Bertha Ludwig, de 6 ans son aînée, qu’il épousera plus tard, en 1872, et qui sera sa femme pendant 50 ans. Mais Roentgen ne fréquente pas seulement sa Zurichoise. Il suit aussi les cours avec sérieux et obtient en 1868 son diplôme d’ingénieur mécanicien. Mieux, il est promu, une année plus tard, docteur es sciences de l’Université grâce à une thèse intitulée «Studien über Gase». C’est alors que le professeur de physique expérimentale, August Kundt, l’engage comme assistant.

En 1870, le professeur Kundt est appelé à la chaire de physique de l’Université de Würzburg. Il demande à son élève de l’accompagner avec l’espoir partagé de lui assurer une carrière académique. Une profonde déception attend toutefois Roentgen. Un handicap pèse sur son destin. Il n’a pas de diplôme de maturité. Le corps professoral de Würzburg lui refuse à l’unanimité le titre de privat-docent, conformément à la loi bavaroise qui n’accorde pas cette promotion à un ingénieur qui n’a pas acquis une formation gymnasiale.

Roentgen quitte alors Würzburg pour Strasbourg, université plus tolérante et où il est nommé professeur de physique. Ses travaux et sa renommée grandissante lui valent ensuite une nomination à l’Université de Giessen, en Allemagne. Enfin, un étonnant repentir pousse l’Université de Würzburg à le rappeler et à lui confier la chaire de physique et la direction de l’Institut de physique. C’est là que le 28 novembre 1895 il découvre les rayons X.

Durant la première semaine après la découverte, Roentgen reçoit plus de 1000 lettres. Plusieurs personnes ne manquent pas de lui suggérer qu’il pourrait devenir très riche en exploitant commercialement son invention. Quelque temps plus tard, Max Levy, un ingénieur de la firme électrique A.E.G., prend contact avec Roentgen pour lui faire part de l’intérêt manifesté par sa compagnie à développer cette nouvelle technologie. Roentgen lui répond sans hésitation : « Dans la bonne tradition des professeurs d’université allemands, je suis d’avis que les découvertes et inventions appartiennent à l’humanité. Leur diffusion ne doit en aucun cas être entravée par des brevets, des licences ou des contrats et aucun groupe de personnes ne doit en avoir le monopole. »

En 1900, Roentgen accepte de devenir professeur de physique à l’Université de Munich et directeur du nouvel institut de physique. En 1901, il reçoit le premier prix Nobel de physique. Pour se reposer, loin des honneurs, il passe régulièrement ses congés en Suisse, à Pontresina. Il y retrouve de nombreux amis. Les époux Roentgen apprécient particulièrement les tours en calèche et se lient d’amitié avec le cocher Emanuel Schmid, de Somvix dans les Grisons, qui à plusieurs reprises, est leur compagnon de randonnée.Mais après ces succès et ces joies arrivent les jours sombres. En 1918, l’Allemagne perd la première guerre mondiale. Patriote, il est profondément touché par cette défaite. Il est très affecté par la perte de l’Alsace, à laquelle il était attaché depuis son séjour à Strasbourg. Une année plus tard, en 1919, il ressent cruellement le décès de son épouse, qui s’éteint après une longue maladie causée par des calculs rénaux. En outre, il est ruiné par l’inflation catastrophique qui frappe l’Allemagne de l’après-guerre. Atteint dans sa santé par un cancer du côlon, il meurt à Munich le 10 février 1923, à l’âge de 78 ans (Eisenberg, 1992; Pallardy et al, 1989 ; Rosenbusch et al, 1994 ; Schedel et Keil, 1995 ; Wieser et al, 1989).

La Fée Electricité

La découverte des rayons X fut l’aboutissement de siècles d’observations et d’expériences sur l’électricité et le magnétisme, sur lesquelles nous ne pouvons pas nous attarder ici. Mentionnons cependant que pour son expérience, Roentgen utilisa un tube de Crookes et une bobine de Ruhmkorff.

Sir William Crookes (1832-1919) était un brillant physicien anglais, qui adorait faire des démonstrations en public. Il était fasciné par l’hypothèse que Michael Faraday (1791-1867) avait formulée quelques années auparavant, à savoir que la luminosité d’un gaz fortement raréfié et excité par une décharge électrique représentait un quatrième état de la matière, la matière radiante (à côté des trois autres états solide, liquide et gazeux). Pour étudier les rayons cathodiques et les phénomènes produits par le passage de l’électricité dans les gaz, il avait perfectionné un appareil inventé en 1869 à Münster, en Allemagne, par Johann Wilhelm Hittorf (1824-1914) : il s’agit d’un tube en verre muni à ses deux extrémités d’électrodes. Lorsqu’on applique une forte tension électrique à ces dernières et qu’on évacue l’air dans le tube, une couleur violacée apparaît. Ce phénomène est dû à un arc électrique. Crookes avait émis l’hypothèse que les rayons cathodiques étaient constitués de particules, hypothèse confirmée en 1897 par Sir Joseph Thomson (1856-1940), de Cambridge, qui démontra que les rayons cathodiques étaient formés de particules négatives, à savoir d’électrons. Le passage de l’électricité dans les gaz raréfiés n’a généralement lieu qu’avec des différences de potentiel de plusieurs centaines de volts au moins, et très souvent il faut atteindre 40 000 à 50 000 volts. Pour obtenir une telle tension, on utilisait le principe de l’induction électromagnétique découvert par Michael Faraday. Les premières bobines basées sur ce principe furent construites à partir de 1851 par un mécanicien et électricien allemand fixé à Paris, Heinrich Daniel Ruhmkorff (1803-1877). A l’époque de Roentgen, de nombreux physiciens étudiaient les propriétés des tubes de Crookes, qui étaient disponibles dans la plupart des laboratoires de physique depuis une vingtaine d’années. On peut s’étonner qu’aucun des nombreux chercheurs qui expérimentaient avec ces tubes n’aient découvert plus tôt le rayonnement qu’ils généraient. Déjà Crookes avait constaté que des plaques photographiques emballées entreposées dans son laboratoire avaient été voilées de manière étrange. Il se plaignit au manufacturier Ilford, qui lui avait fourni ces plaques et qui les lui remplaça. Lorsque ce même phénomène se répéta, Ilford conclut que le problème devait provenir du laboratoire du physicien. Crookes n’élucida pas la cause, mais il apparaît probable aujourd’hui que ces plaques ont été impressionnées par des rayons X. La découverte des rayons X était donc dans l’air depuis plusieurs années. Une controverse affligeante résulta d’ailleurs à propos de la paternité de la découverte, qui fut revendiquée par Philipp Lenard (1862-1947), même après qu’il eut également reçu le prix Nobel de physique en 1905. Il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que la découverte de Roentgen n’était pas due à la chance, mais à sa profonde connaissance des données de la littérature en physique de son temps, à son génie d’expérimentateur et d’observateur ainsi qu’à sa remarquable faculté de raisonnement (Eisenberg, 1992 ; Schedel et Keil, 1995 ; Wieser et al, 1989).
Haut de page