Le Mouton

Le Mouton

Couverture Revue n° 42

AGNEAU DOMESTIQUE (Ovis aries)

Colonne vertébrale à anomalie congénitales qui siègent à chacune des extrémités de la colonne lombaire.
Il y a d'abord lombalisation de la dernière vertèbre thoracique avec conservation d'un rudiment de côte à droite entre ce qui devait être D 12 ET D 13 et qui a pris l'apparence de L1- L2.
D'autre part, il existe une vertèbre cunéiforme ou hémivertèbre tout à fait caractéristique, du côté gauche entre L6 et S1.
Il ne s'agit sûrement pas de S1 car cette dernière est très reconnaissable et presque normalement conformée. Nous avons là l'image d'une anomalie intéressante.
Commentaire de Professeur R. BARONNE laboratoire d'Anatomie. Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon.

Le mouton petit ruminant, est à l'heure actuelle au centre d'un malaise qui frappe ses éleveurs et les organismes de tutelle, en désaccord avec les grandes instances internationales ; la conjoncture économique présente, fatale à beaucoup de professions, tend à priver les exploitants avicoles de leur unique moyen d'existence.
Le mouton est donc à l'ordre du jour et nous lui ferons une visite amicale. Sait-on que la population ovine mondiale dépasse un milliard de têtes ? en Europe, la France tient le premier rang avec 10.500.000 animaux. Il faut donc la peine, croyons-nous, de passer quelques instants dans cette multitude que les non-spécialistes connaissent souvent très mal.
Pour nous placer dans l'ambiance, allons à la rencontre d'un troupeau de brebis, sorte de marée blonde déferlant presque sans bruit au flanc d'une colline. Si notre présence est discrète, nous serons entourés de tous côtés par cette masse ondulante, tiède, au contact très doux. Silence à peine ponctué du piétinement léger des petits sabots et par le gai tintement des clochettes. Impression hors du temps, faite d'harmonie, de calme, d'infinie douceur. La vie pastorale prend alors tout son sens.
Quelle est l'origine du mouton ? les zoologistes ont la quasi certitude que son ancêtre lointain serait un animal sauvage ne possédant pas de toison laineuse, le Mouton d'Europe (Ovis musimon) qui vit encore à l'état libre dans les régions escarpées de Corse et de Sardaigne. Les Mouflons, dont il existe une demie-douzaine d'espèces en divers pays, sont remarquables par le développement de leurs cornes spiralées qui peuvent atteindre une longueur de près de 2 mètres, sur leur courbe externe, chez l'Argali (Ovis ammon poli), rencontré sur le Plateau de Pamir, en Asie Centrale. Son nom rappelle le Dieu Jupiter Ammon et les coquillages fossiles (Ammonites).
Le mouton, après la Chèvre, a été très tôt domestiqué par l'homme de l'époque néolithique, 6.000 ans avant J.C. en même temps que le chien, auxiliaire indispensable du pâtre. Au cours des millénaires, les races se sont diversifiées ; certaines ont totalement disparu. En 1976, un auteur compétant avançait le nombre de 32 races actuellement élevées en France. Leur importance est, cela va sans dire, inégale ; elle va de 833.000 pour la race réputée de Lacaune aux 1.000 de la Solognote. Presque toutes les races exploitées sont intéressantes, parce qu'elles sont adaptées à leur à leur habitat, local ou régional et possèdent des qualités répondant aux besoins des éleveurs. Ainsi, certains types sont améliorés, sélectionnés pour la production de la viande de boucherie, d'autres pour leur lait destiné à la fabrication des fromages (par exemple, les Caves de Roquefort, dans l'Aveyron, drainent la traite des brebis de nombreux départements et même de Corse).
D'autres troupeaux produisent une toison réputée, mais ce débouché est de moins en moins rentable : la mode est aux gros tricots de sport, on ne demande presque plus de vêtement faits de laine fine, chaude et si agréable à porter ; les fibres synthétiques, qui envahi le marché, font une dure concurrence à ce produit naturel.
Enfin, le cuir de mouton, sous ses divers aspects et appellations, se retrouve partout, en cordonnerie, maroquinerie, peausserie, reliure, etc… La "peau de Chamois", souple, est réalité une fine peau de mouton, tannée à l'huile de foie de morue.

La race qui prédomine dans les Alpes de Haute Provence est connue sous le nom de "Préalpes du Sud". Elle est parfaitement adaptée aux terres calcaires, sèches, arides, accidentées. Résistante à la fatigue, très rustique, féconde excellente laitière, bonne mère attachée à ses petits. Ses agneaux ont une croissance rapide, à fort rendement, une chair fine, savoureuse et parfumée. D'immenses bétaillères, chargées d'agneaux élevés à Thoard et dans la vallée proche, en route pour les abattoirs de Digne et, surtout de Sisteron, passent périodiquement sous mes fenêtres.

Troupe de brebis de la
RACE PREALPES DU SUD,

dans un pâturage des Alpes de Haute Provence
Grâce à leurs lèvres minces, les moutons peuvent tirer leur nourriture des sols les plus maigres, là où les bovins ne trouveraient par leur subsistance. Remarquer : la toison qui ne recouvre que partiellement l'animal, tête, nuque, dessous de corps et membres sont dépourvus de laine.
L'agnelage, au printemps et à l'automne, donne des naissances dans 30 à 40 % des cas.

Presque tous les jeunes animaux sont adorables (combien d'adoptions ont lieu sur ce "coup de foudre" !) mais l'Agneau et son voisin le Chevreau, sont particulièrement gracieux et charmants.
La vie de l'Agneau, hélas, est brève : entre 3 et 6 mois il devra quitter le troupeau. Seul, le petit mouton Karakul, qui possède la célèbre fourrure noire astrakan, ne jouira pas longtemps de la présence maternelle : en effet sa toison perdra rapidement son aspect et sa teinte caractéristique ; il sera donc abattu entre le troisième et le septième jour de son existence.
En Haute Provence, j'ai eu pour ami, durant des années, un vieux berger de brebis. J'aimais cet homme intelligent, énergique, sobre de paroles, plein de bon sens. Peu avant sa mort, il est venu avec son troupeau près de chez moi. "Je suis venu exprès pour vous voir encore une fois", me dit-il. Nous parlions peu, heureux tout simplement d'être ensemble … Un jeune l'a maintenant remplacé ; s'il est attiré par la vie rustique, vers les animaux, s'il possède la solide formation de base indispensable, il fera, à son tour, le long apprentissage du métier, que les livres seuls ne peuvent dispenser.
Le berger ! On exige de lui des qualités physiques, morales, professionnelles, une santé robuste. Il doit résister à la fatigue de la marche, aux longues heures passées debout ; supporter le surmenage causé par les agnelages où, jour et nuit, il doit être là, prêt à secourir les brebis en difficulté.
Si son exploitation pratique la transhumance, cette migration périodique des brebis vers les vertes montagnes des Alpes, tandis que les pâturages méditerranéens sont grillés par le soleil, alors le berger devra vivre dans la solitude, avec une responsabilité plus lourde encore que de coutume, en raison de dangers nouveaux qui guettent le troupeau : foudre, pierres qui roulent sur les pentes et provoquent des fractures, morsures de vipères souvent mortelles, attaque des jeunes par les renards ou par des chiens errants, etc…
Chaque année 500.000 moutons, fuyant les départements desséchés, surtout les Bouches du Rhône et le Var, vont ainsi, à l'altitude, faire leur cure estivale sous un climat tonique.
Le bélier, la brebis et leur agneau : sujet riche, inépuisable. Puissent ces quelques lignes rendrent plus vivantes la radiographie soumise à votre sagacité et vous apporte, amis lecteurs, un peu d'air de Provence.

René ABGRALL
Article tiré de la revue "le Manipulateur d'Electo-Radiologie Médicale" n° 55 de décembre 1979

Mes remerciements vont à M. Marius MAURIN, Directeur de la Chambre d'Agriculture des Alpes de Haute Provence pour la documentation qu'il a bien voulu mettre à ma disposition

Ouvrages consultés

BERTIN Léon "La Vie des Animaux" Paris 1949
BURTON M. & R. "Le Royaume des Animaux" Genève 1975
CARLSON William "Radiologie vétérinaire" Paris 1970
DEGOIS E. "Le bon moutonnier" Paris 1970
DERNER Max "Bébés animaux" Neuchâtel (Suisse) 1974
DIDIER Robert & RODE Paul "Les Mammifères de France" Paris 1935
DUHAMEL HAEGEL "Morphologie pathologique" Paris 19670
Ministère de l'Agriculture "Le Cheptel ovin des Alpes de Haute Provence" Paris 1976
PARE Ambroise "Animaux monstres et prodiges" (réédition) Paris 1954
RIGAUDIE Roger REVELEAU Louis "Le Mouton" Paris 1977
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